L’agrile du frêne est un coléoptère provenant d’Asie, il a été introduit accidentellement en Amérique du Nord en 1998 par le transport maritime de bois de marchandise. C’est seulement en 2002 que l’insecte est détecté à Détroit et Windsor, déjà, plusieurs centaines de frênes sont touchés.
En 2008, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a confirmé la présence de l’agrile du frêne sur le territoire québécois et rapidement, l’insecte s’est propagé partout.
En début d’été 2019, l’agrile du frêne a été découvert à Saint-Jean-Port-Joli où il semblait déjà être bien établi. Pour prévenir la propagation de l’insecte, l’ACIA a inclus les MRC de Montmagny, L’Islet et Kamouraska dans la zone réglementée. Celle-ci a pour but d’interdire le déplacement de tout produit de frêne et de toute espèce de bois de chauffage hors des zones réglementées. Une personne ou une entreprise voulant transporter un produit de frêne hors de ces zones doit communiquer avec l’ACIA pour obtenir une autorisation. Des amendes pourront être émises pour toute personne ne respectant pas cette réglementation.
Un seul agrile du frêne peut décimer une forêt entière. Depuis son introduction, ce ravageur a tué des millions de frênes en Amérique du Nord.
L’agrile du frêne adulte a une couleur vert métallique et mesure entre 0.85 et 1,4 cm de longueur. Si vous êtes en mesure de voir son abdomen, celui-ci est rouge cuivré, c’est ce qui le distingue des autres espèces d’agriles.
La larve de l’agrile ressemble à une chenille blanche mesurant de 1 à 3 cm. Celle-ci est la cause de tous ces ravages. Elle se nourrit du cambium de l’arbre ce qui coupe la circulation de la sève. Le frêne n’a donc plus accès aux nutriments et peut mourir en 3 ans. Les premiers, et non moins importants, dommages se situent sous l’écorce, c’est pourquoi l’infestation d’un frêne peut s’avérer complexe à vérifier.
Le frêne a été une espèce d’arbre très populaire dans les pépinières durant de longues années. En effet, le frêne résiste à de nombreuses conditions, est facile et peu coûteux à produire et pousse vite. De plus, il est majestueux avec une hauteur pouvant atteindre 40 mètres et il sert souvent de brise-vent.
L’agrile du frêne affecte toutes les essences de frêne.
#1 Le frêne possède de 5 à 11 folioles, ce qui désigne de petites feuilles finement dentelées accrochées à une même tige.
#2 Les groupements de folioles sont positionnés de manière opposée sur une branche, symétriquement.
#3 Les fruits, appelés samares, sont plats et allongés ressemblant à des rames de bateaux vertes.
#4 L’écorce des frênes matures est rigide et forme des crêtes en losanges.
Habituellement, lorsqu’un frêne présente les signes d’infection, il est déjà gravement affecté depuis quelques années. Une façon plutôt rudimentaire de détecter l’infection est par une forte alimentation des pics-bois.
#1 Dégarnissement de la cime
#2 développements de pousses adventives à la base du tronc
#3 apparitions de trous de sorties dans l’écorce en forme de «D»
#4 présences de fentes verticales sur le tronc
#5 Si vous êtes en mesure de regarder sous l’écorce, vous verrez des galeries en serpentin causées par les larves.
L’agrile du frêne peut voler jusqu’à 10 kilomètres pour trouver un frêne, ce qui représente un grand avantage pour disperser sa population. En Asie, l’insecte n’est pas nuisible puisqu’il a plusieurs prédateurs et les frênes asiatiques ont développé une résistance aux attaques suite à des années d’évolution.
Malheureusement pour les frênes d’Amérique, ils ne connaissent pas cet envahisseur et, donc, ils ne possèdent aucune résistance. D’ailleurs, les agriles n’ont pas de prédateurs en Amérique, ce qui facilite la croissance de la population.
La principale propagation de l’insecte est par le transport du bois de chauffage ou de produits de frêne. Ne mesurant que quelques millimètres et vivant une grande partie de sa vie sous l’écorce, il est plutôt difficile de le voir. En 20 ans, l’agrile a conquis plus de la moitié des États-Unis, l’Ontario et le Québec. Il s’agit d’un grand enjeu économique et environnemental, c’est pourquoi l’ACIA essaie de réglementer les zones à risques pour éviter de plus grande perte chez les frênes.
Si votre frêne ne présente aucun symptôme d’infection par l’agrile, il est suggéré de surveiller votre arbre, entre autres, la cime de celui-ci et de replanter une autre essence d’arbre(1) près de votre frêne. De cette manière, dans l’éventualité où vous devriez abattre votre frêne dû à son infestation, un autre arbre prendra sa place et pourra, ainsi, offrir les mêmes services écologiques. Vous pourriez également faire traiter votre frêne préventivement, par contre cette solution est moins recommandée lorsque l’agrile n’est pas encore présent dans la région.
Le seul traitement homologué, pour le moment, au Canada est le TreeAzinMD. Le produit appartient au le Service canadien des forêts, mais le distributeur mondial est Bioforest Technologies inc.(2). Seulement un professionnel détenant le permis d’applicateur de pesticides et ayant été accrédité par Bioforest peut appliquer le traitement TreeAzinMD sur les frênes touchés.
Si vous remarquez que 10 à 20 % de la cime semble dégarnie, il est suggéré d’en informer l’ACIA (418-648-7373) immédiatement. Vous pouvez également planter à nouveau ou traiter préventivement. Une évaluation par un spécialiste est recommandée avant de prendre une décision. L’évaluateur saura vous confirmer l’essence de votre arbre et vous dire le niveau d’infestation pour que vous preniez la bonne décision : traiter ou abattre.
Par contre, si votre frêne semble atteint à plus de 20 % et qu’il est possible de déceler plusieurs signes d’infestation par l’agrile du frêne:
à ce stade, l’arbre ne peut plus être sauvé et occasionne un risque pour les biens et les personnes s’ils tombe, donc il doit être abattu. L’abattage des frênes est recommandé entre le 1er octobre et le 15 mars, puisqu’il s’agit de la période d’inactivités de l’insecte. Il faut également prévoir une disposition adéquate pour les résidus.
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